Quand on évoque le terme de dernières volontés, on peut imaginer une personne sur le point de décéder, entourée de sa famille et de ses proches, prononçant d’ultimes souhaits d’une façon solennelle et dramatique. Celui qui quitte notre monde terrestre espère certainement que ces mots seront entendus et respectés.
Aujourd’hui il y a plusieurs façon de préparer ses dernières volontés et on est loin du cliché cité plus haut.
Actes notariés, testament olographe, authentique, mystique ou international, autant de solutions pour exprimer ses volontés sur le devenir et la répartition de son patrimoine. Au delà de l’étape juridique, il y a ces dernières volontés en matière de funérailles. Celles-ci peuvent être réglées par la souscription d’une convention obsèques proposées par différents organismes : assurances, sociétés de pompes funèbres, ils écoutent vos choix et vos exigences, du modèle du cercueil en passant par la musique ou la couleur de l’urne cinéraire.
Et puis il y a tous ces messages que l’on souhaite faire passer à ses proches. Des informations pratiques, un peu moins juridiques, un peu plus émotionnelles. Des messages particuliers et personnels, des envies parfois un peu originales, des souhaits qui comptent vraiment.
Des dernières volontés pour rassurer ses proches
Un décès reste toujours un événement violent dans le quotidien de tout un chacun. Qu’il s’agisse d’une longue maladie avec une issue inéluctable ou d’une mort violente dans un accident, lorsque le deuil fait irruption à l’intérieur d’une famille, c’est un tsunami émotionnel qui déferle sur le quotidien sans que l’on sache vraiment comment la situation va être appréhendée.
Il est toujours très délicat de discuter d’héritage ou de patrimoine avec sa famille. On ne compte plus les conflits familiaux générés par l’ouverture d’un testament, ou parce que les héritiers n’ont pas tous les mêmes revenus et par extension la même capacité de financement des funérailles de leurs proches. La tristesse et l’angoisse de la situation se mêle aux déboires administratives, les reproches ne tardent pas à arriver et tout se termine en rupture.
Evoquer et rédiger ses dernières volontés, c’est installer un climat de confiance et rassurer ses proches. Leur expliquer pourquoi ces décisions ont été prises, et comment elles se réaliseront. Des dernières volontés rédigées et transmises à qui de droit en prévision du pire, c’est autant de prévoyance et de tranquillité assurée pour celles et ce qui restent.
Préparer ses dernières volontés permet à celui qui les rédige de mettre à plat tout ce qu’il souhaite voir arriver avant, pendant et après son décès. Du coté de la famille, aucune (mauvaise) surprise.
Des dernières volontés pour rassembler.
« Saint Jacques la Mecque » est le titre d’un film paru au cinéma en 2005 et réalisé par Coline Serreau. C’est l’histoire d’une fratrie qui se déteste. Plus rien ne les relie hormis une haine viscérale qu’ils se vouent entre eux sans aucune envie de faire un pas vers l’autre. Un beau jour, ils sont convoqués par un notaire chargé de les informer du décès de leur mère et des conditions à appliquer pour bénéficier de la (conséquente) succession. Leur part d’héritage ne leur sera acquise que s’il réalisent ensemble le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle. L’appât du gain et l’orgueil vont les pousser sur cette longue marche. Des kilomètres à se supporter, à s’insulter mais aussi à se soutenir, se (re)découvrir et au final, se rassembler. En rédigeant ses dernières volontés, la démarche de leur mère était simple, les rassembler pour faire tomber leur rancoeur.
Un décès est bien souvent l’occasion de reconsidérer ses relations familiales ou amicales. La mort arrive de plein fouet dans une existence heureuse, il faut alors remettre les priorités à leur juste place. Disputes, conflits, haine n’ont plus lieu d’exister dans un quotidien qui au final n’est que le décompte du temps qu’il nous reste à vivre sur cette planète. Autant l’utiliser à bon escient.
Emettre des dernières volontés en souhaitant une cohésion et un dialogue pour faire tomber des heurts et des conflits de ceux que nous aimons, c’est certainement le souhait le plus cher que nous avons au soir de notre vie.
Les directives anticipées, l’archétype de la dernière volonté
En février 2016 a été promulgué une nouvelle version de la Loi Léonetti-Claeys. Cette modification de la loi ouvre de nouveaux droit en faveur des malades et des personnes en fin de vie, spécifiquement au regard de la nécessité d’établir des directives anticipées.
L. 1111-11. – « Toute personne majeure et capable peut rédiger des directives anticipées pour le cas où elle serait un jour hors d’état d’exprimer sa volonté. Ces directives anticipées expriment la volonté de la personne relative à sa fin de vie visant à refuser, à limiter ou à arrêter les traitements et les actes médicaux ».
L. 1111-6. – « Toute personne majeure peut désigner une personne de confiance, qui peut être un parent, un proche ou le médecin traitant et qui sera consultée au cas où elle-même serait hors d’état d’exprimer sa volonté et de recevoir l’information nécessaire à cette fin »
La notion de dernière volonté prend ici même tout son sens. Avant de ne plus pouvoir être en état de communiquer sur notre fin de vie, il faut impérativement s’exprimer sur son choix.
En dehors de l’acharnement thérapeutique et de la fin de vie, il y a aussi le devenir du corps avec la législation autour du don d’organe et du don de son corps à la science. Faire savoir par le biais de dernières volontés que l’on désire donner ses organes, être détenteur de sa carte de don d’organe ou inversement, communiquer sur le refus et sur son inscription au fichier national de refus des dons d’organes.
En matière de don de son corps à la science, ce n’est pas à la famille de décider car c’est une démarche qui est organisée de son vivant. En revanche, si la personne (qui envisage le don de son corps à la science et règle toutes les formalités nécessaires auprès de la faculté de médecine choisie) n’en parle pas à ses proches, il est fort peu probable que ses dernières volontés soient respectées. D’où la nécessité de le faire savoir à ses proches.
Des dernières volontés pour se rassurer, être certain que les souhaits d’une vie entière ou des quelques instants avant notre départ seront entendus et respectés par nos proches, notre famille ou par les personnes désignées.
Des dernières volontés pour rassembler et rassurer ses proches sur leur avenir sans nous, sur leur tranquillité d’esprit quand le jour fatidique arrivera. Afin que tout soit anticipé et facilité et que ce moment soit un temps consacré uniquement à l’amour et au souvenir de celui ou celle que l’on a chéri.
Articles connexes à « Préparer ses dernières volontés, se rassurer et rassurer ses proches » :
- Organisation des obsèques
- Autour de l’ urne funéraire
- Fin de vie : mieux comprendre les directives anticipées
- Personne de confiance : rôle et importance
- Épitaphe
- Crémation : revue globale sur la crémation
- Loi Claeys Leonetti
- Don d’organes
- Retour sur l’affaire Vincent Humbert
- Affaire Vincent Lambert : les directives anticipées (1)
- Affaire Vincent Lambert : les directives anticipées (2)
- Donner son corps à la science
Sources de l’article « Préparer ses dernières volontés, se rassurer et rassurer ses proches » :
- Saint Jacques la Mecque, de Coline Serreau – disponible en DVD. Sorti en 2005 : http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=58227.html
- Héritage, succession, en finir avec les tabous - 9 février 2021
- Les Journées Européennes du Patrimoine : transmettre un héritage collectif - 6 septembre 2020
- Combien coûte une concession funéraire ? - 4 juillet 2020