Après la crémation, le devenir des cendres

Dispersion de centre - Jardin des souvenirs

Dispersion de cendres – Jardin du souvenir

La crémation est le nouveau choix funéraire des français. On peut parler de choix funéraire car il est difficile d’évoquer une crémation pour une autre thématique que celle consacrée aux funérailles.

De nos jours, il n’existe pas beaucoup d’alternatives en matière de funérailles et de devenir du corps. Après la mort, le corps de la personne se dirige vers une mise en bière suivie d’une inhumation ( pleine terre ou caveau ) ou d’une crémation.

C’est la crémation qui est également choisie par les facultés de médecine, certaines d’entres elles accordent la restitution cendres lorsque le défunt a opté pour un don de corps à la science.

Mais connaissons-nous vraiment toutes les possibilités qui s’offrent à la famille en matière de devenir des cendres ?

Le devenir des cendres, ce que dit la loi.

Dispersion de cendre - se recueillir

Dispersion des cendres – se recueillir

Il fut un temps où la crémation donnait la possibilité à la famille de récupérer les cendres de leur cher disparu dans une urne et de la conserver sur la cheminée, la bibliothèque ou le placard à balais. Combien de familles disposent dans leur intérieur de cet élément de décoration un peu particulier et auquel il faut vouer un soin sans limite sous peine de reproduire quelques situations plus ou moins cocasses. Il suffit de revoir la scène culte du déjeuner en famille de « Mon beau-père et moi », avec Robert De Niro et Ben Stiller et toute l’attention que le chat de la famille porte aux cendres de la grand-mère !

Attardons nous quelques instants sur l’article 16-1-1 du code civil « Le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort. Les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence ».
Depuis la loi n°2008-1350 du 19 décembre 2008, les cendres sont donc considérées comme des restes humains, ou plus précisément, comme un « corps ». Conserver des cendres à son domicile après une crémation est devenu impossible. Cette loi permet dorénavant d’éviter quelques dérives, il n’était en effet pas inhabituel de retrouver des urnes en vente sur des brocantes, de mélanger des cendres de plusieurs défunts ou d’envisager leur dispersion ou d’utiliser cette matière dans des lieux supports plus ou moins étranges ( fabrication de bijoux, dispersion sur des lieux publics …).

Quels sont les lieux autorisés pour déposer des cendres ?

Dispersion de cendre - Jardin du souvenir

Dispersion de cendre – Jardin du souvenir

Il faut déjà savoir que les cendres récoltées après une crémation seront conservées par le crématorium durant un an dans l’attente de la destination définitive de l’urne. Après un an, si la famille ne s’est pas décidée ou si personne n’est venu réclamer l’urne, les cendres seront dispersées dans le jardin du souvenir de la commune de décès du défunt.

Le droit funéraire français indique qu’une personne décédée peut être inhumée dans la commune du lieu de son décès ou du lieu de son domicile. Le choix du lieu d’inhumation peut être étendu à une autre commune à condition qu’une concession ait déjà été achetée.

La liste des lieux autorisés en matière de destinations des cendres est simple :

  • Dispersion dans le jardin du souvenir au sein du cimetière attribué. Le jardin du souvenir est un espace vert ou caillouteux, situé en périphérie des sépultures ou bien quelquefois au beau milieu et sur lequel les cendres remises à la famille sont dispersées. Les proches viennent y déposer quelques hommages à proximité comme des plaques commémoratives, des fleurs, ou des inscriptions sur les galets.
  • Achat d’une concession/niche dans un columbarium. Au même titre qu’un concession avec inhumation en pleine terre ou en caveau, il est possible d’acquérir une concession en columbarium pour une une ou plusieurs urnes cinéraires. Le dépôt de l’urne se fera au sein de la niche qui sera ensuite recouverte d’une plaque.
  •  Inhumation de l’urne cinéraire au sein d’un caveau familial ou dans un cavurne ( petit caveau réservé aux urnes cinéraires dont les dimensions sont inférieures à celles d’un caveau traditionnel).
  • Scellement de l’urne sur un monument funéraire.
  • Dispersion des cendres dans la nature
    Une déclaration à la mairie du lieu de naissance du défunt est nécessaire. Un registre indique l’identité du défunt, la date et le lieu de dispersion des cendres.
    Lorsque l’on parle de « nature », le droit funéraire exclu les lieux publics (parcs, stades, squares, jardins, plages, centre ville…) et ceci pour s’assurer que les cendres n’iront pas se répandre sur des lieux faciles d’accès au public. La dispersion est également autorisée en pleine mer sous réserve d’en effectuer la déclaration auprès du maire de la commune de mouillage de départ du bateau.
  • Dispersion ou inhumation des cendres sur une propriété privée
    L’inhumation ou la dispersion de cendres dans une propriété privée est possible sous réserve d’avoir obtenu l’autorisation préfectorale correspondante. ( Rappel : des cendres humaines sont désormais assimilées à un corps humain décédé).

Où se recueillir quand des cendres ont été dispersées ?

Dispersion des cendres

Dispersion des cendres

C’est bien là la grande problématique de la crémation. Lorsqu’une personne opte pour la crémation, la famille applique ses dernières volontés. Quand celles-ci mentionnent une inhumation en caveau, il y aura un lieu de recueillement matérialisé et surtout personnel. Dans l’inconscient, le deuil est plus facilement acceptable par les proches lorsque le recueillement est possible sur un lieu où la personne disparue est identifiable. Un caveau familial, un nom mentionné et gravé dans le marbre, une dernière demeure en somme.

Dans le cas d’une dispersion de cendres, c’est déjà plus compliqué. Le corps est comme remis aux éléments et même s’il reste un « lieu » de prédilection, rien ne peut assurer les proches que cet endroit restera intact, et ne perdra pas ce caractère « sacré ».

Sans forcément aller à l’encontre des dernières volontés, discuter en famille du devenir des cendres est peut être une solution pour reconsidérer le deuil afin que celui -ci soit appréhendé par tous de façon sereine. La disparition brutale ou non d’un être cher est une épreuve douloureuse pour celui qui a vu arriver la fin de sa vie, mais aussi et surtout pour celle et ceux qui continueront de vivre après lui.

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Sophie Farrugia