Le suicide assisté

Le suicide assisté
Le suicide assisté

Michèle Causse, Mireille Jospin, Vincent Humbert, Chantal Sébire, ces personnes, connues ou non du grand public, ont toutes suscité l’intérêt des médias par leur décision commune, celle de se suicider. Mireille Jospin et Chantal Sébire n’ont sollicité aucune aide extérieure. Michèle Causse, a fait appel à Dignitas, une association Suisse d’aide au suicide. Vincent Humbert, lui, après avoir demandé et s’être vu refuser le droit de mourir au Président de la République, a réclamé et obtenu l’aide de sa mère pour arriver à ses fins.

Ils se sont suicidés en ayant chacun cette pleine conscience de leur acte et cette volonté d’en finir avec la vie, cette oppression d’un corps malade et dégradé. Arriver à la mort par tous les moyens.

D’un simple acte solitaire, le suicide est passé pour certains en mode « assisté ». Retour sur une démarche personnelle qui revient régulièrement au cœur des débats politiques et religieux.

Qu’est ce qu’un suicide assisté ?

suicide médicalement assisté
suicide médicalement assisté

On parle plus communément d’ « aide au suicide ». Complètement illégal en France, les personnes désireuses de recourir au suicide assisté font souvent appel à des associations présentes en Suisse. Le suicide assisté n’est autorisée qu’en Suisse, au Pays – Bas, dans trois états des Etats-Unis et au Canada. Chacun de ces pays émet certaines conditions pour formuler sa demande, comme par exemple le fait d’être atteint d’une maladie incurable.

Le site Wikipédia définit l’aide au suicide en énumérant ses conditions :
– La fourniture par le corps médical d’une potion (ou autre) destinée à induire la mort dans des conditions très strictes.

– L’auto-administration (si celle-ci est possible) reste sous contrôle du ou des médecins veillant ainsi au bon déroulement de la procédure.

– Dans le cas où le patient ne peut procéder lui-même à l’absorption du produit, le médecin veille à ce que la procédure soit respectée.

– En cas de complications, le médecin intervient pour prendre les mesures nécessaires à l’accomplissement de la procédure.


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Euthanasie, suicide assisté, quelles différences ?

aide au suicide assisté
aide au suicide assisté

La définition même de suicide assisté pourrait apparaître paradoxale.

Un suicide est l’acte de se donner la mort. Si l’on est assisté, on peut s’interroger sur la notion personnelle de la chose. Pourtant, le coté « assisté » provient simplement des conditions dans lesquelles le suicide va se dérouler : la possibilité d’avoir recours à un médicament qui occasionnera une mort sans douleur, dans un environnement confortable.

Dans la vidéo du suicide assisté de Michèle Causse, la représentante de l’association Dignitas lui tend le verre de pentobarbital afin qu’elle soit elle-même en mesure de le boire, sans aucune aide. Il s’agit là de sa pleine conscience.

Il faut bien différencier l’aide au suicide de l’euthanasie.

L’ euthanasie est une pratique visant à provoquer (particulièrement par un médecin ou sous son contrôle) le décès d’un individu atteint d’une maladie incurable qui lui inflige des souffrances morales ou physiques intolérables.

L’euthanasie dépend d’un tiers et s’inscrit dans un cadre et un environnement médical. Une personne bénéficiant de la mise en place d’un protocole d’euthanasie pourra l’être sans son consentement oral ( c’est le cas d’un patient qui n’est plus en état de s’exprimer mais qui avait exprimé des directives anticipées dans le cadre de sa fin de vie ). A l’inverse, le suicide assisté ne peut se pratiquer que si la personne est pleinement consciente de son acte et de sa volonté d’en finir avec la vie et qui est encore dans un état physique suffisamment performant pour agir seul.

Suicide, culture et religion

Aujourd’hui, la simple évocation de la thématique du suicide ramène immédiatement à un état dépressif, à une solitude, doublée quelquefois d’une intense détresse.

On s’interroge souvent sur la perception du geste avant le passage à l’acte. Est ce qu’une personne qui est sur le point de se suicider est consciente de l’acte qu’elle se prépare à accomplir, de sa violence, de la souffrance que cela va occasionner, tant d’un point de vue physique (à l’intérieur de son propre corps, il est des suicides qui ne réussissent pas tous et qui laissent des séquelles atroces) que psychique ( famille, amis, proches …).

Enfin il y la l’approche de la religion. Le suicide reste un acte condamné par bon nombre de religions. Se suicider, c’est porter atteinte à l’oeuvre du créateur et qu’il s’agisse de Catholicisme, de Judaïsme ou d’Islam, le résultat est le même : on ne doit pas tuer et donc par extension, ne pas SE tuer.

Il est des cultures ou le suicide s’inscrit pourtant comme une tradition. Shintoïsme et Bouddhisme sont les deux religions pratiquées au Japon, bien que le suicide soit proscrit dans la religion Bouddhiste, il n’est pas condamné dans la culture japonaise. Le Japon est d’ailleurs l’un des pays où le taux de suicide est le plus élevé au monde ( 25 suicides pour 100 000 habitants en moyenne). On explique ces statistiques par une démarche basée sur l’honneur.

Cette vision de l’honneur remonte au temps des Samouraï où le suicide était pour ces guerriers la seule issue possible après une humiliation ou un déshonneur. Les occidentaux connaissent plus précisément cette tradition sous le nom de « Hara-Kiri ».

Le diktat de l’honneur est toujours aussi présent dans la société japonaise contemporaine, spécifiquement au sein des rapport professionnels. Le japonais existe à travers son travail dans lequel il doit suivre certains principes essentiels : confiance, respect, moralité, harmonie. Si l’un de ces principes est ébranlé et que déshonneur ou trahison viennent entacher la vie professionnelle de l’individu, le suicide reste souvent la seule solution pour se racheter un honneur.


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Suicide assisté, meurtre et libre arbitre.

D’un point de vue philosophique, nous sommes tous sensés venir au monde en tant qu’êtres libres de nos actes, de nos pensées et de nos agissements. D’un point de vue moral et légal, cette liberté et ces agissements ont des limites et ne doivent pas venir perturber la vie d’autrui au point quelquefois d’en arriver à sa destruction.

Nous vivons dans une société où il est interdit moralement et légalement de porter atteinte à la vie d’une autre personne. Une interdiction pas toujours respectée au demeurant ! Mais qu’en est-il pour sa propre personne ? Si l’homicide, involontaire ou non, est considéré comme un crime et puni par la justice, le suicide doit-il être considéré lui aussi comme un meurtre au sens le plus juridique du terme ? Une question complètement aliénante car si dans un futur proche le suicidé était considéré comme un meurtrier, son jugement serait clairement compromis une fois le suicide réussi. Qui serait donc poursuivi ?

Inversement, une société qui autoriserait le suicide pourrait donner l’image de la mort accessible par tous. Au delà de la vocation première de soulager celui qui en a fait la demande, comment ne pas imaginer qu’un suicide assisté légalisé et sans aucun contrôle pourrait aussi être le résultat d’une menace ou d’une pression de la part d’un tiers. Globalement, le meurtre parfait et bien déguisé.

La question reste donc extrêmement compliquée d’un point de vue moral, philosophique, religieux et juridique. De tous temps, l’homme n’a finalement agit que selon son bon vouloir et les statistiques nous prouvent chaque jour que le suicide, assisté ou non, reste quand même l’une des principales causes de mortalité en France avec une moyenne de 27 suicides par jour en 2012 ( 9715 personnes se sont données la mort en 2012), soit trois fois plus de décès que par accident de la circulation.

Vouloir mourir parce que l’on en peut plus de souffrir physiquement, parce que l’on est emprisonné dans un corps dont l’état est irréversible ou n’ira qu’en se dégradant. Ou vouloir mourir parce que son état psychique et la perception que l’on a de la vie, des gens et de son quotidien est sérieusement altérée par un état dépressif.

Le suicide assisté pose l’éternelle question de la liberté. Que l’on choisisse cette démarche comme une dernière volonté, que l’on ne supporte pas l’idée de se voir vieillissant, malade, dégradé physiquement, et intellectuellement, le suicide assisté, même s’il s’érige en acte libre et réfléchi, n’engage pas simplement la sensibilité de celui qui désire en finir avec la vie, il s’inscrit également dans celle de ses proches et dans la suite de leur existence, celles et ceux qui eux resteront bien en vie.

Articles connexes à « Le suicide assisté » : 

Sources de l’article « Le suicide assisté » :

  • La forêt des suicides : http://www.alloleciel.fr/article/aokigahara-la-foret-des-suicides
  • Le suicide assisté de Michèle Causse : https://www.youtube.com/watch?v=JfyxUO4ZsDo
  • L’affaire Chantal Sébire : https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Chantal_S%C3%A9bire
  • L’affaire Vincent Humbert https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Vincent_Humbert
  • Mireille Jospin https://fr.wikipedia.org/wiki/Mireille_Jospin