C’est une dernière volonté souhaitée par bon nombre de français qui ne s’envisagent pas enfermés dans un cercueil six pieds sous terre durant l’éternité qu’il leur restera à passer sur la planète. C’est aussi un choix des familles, quelquefois parce que leur proche décédé en avait parlé de son vivant sans pour autant laisser des écrits.
En 2016, c’est aussi devenu un choix financier car une crémation avec dispersion des cendres occasionne un coût beaucoup moindre qu’une inhumation en terre avec achat de concession et fabrication du caveau.
Revue globale d’une pratique funéraire qui tend à se démocratiser un peu plus chaque année.
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La crémation : histoire et coutumes
Pratique ancestrale selon les civilisations et les rites funéraires, on la retrouve au sein de l’antiquité Grecque et Latine. De nos jours, c’est une tradition perpétrée dans de nombreuses civilisations orientales qui lui sont restées très attachées à travers leurs rites religieux. C’est le cas des religions bouddhiste et hindouiste où la crémation est associée à la libération de l’âme, à la troisième naissance du défunt.
En Occident, l’acceptation de la crémation a été un peu plus perturbée au cours de l’histoire. Interdite par Charlemagne en 789 et réservée uniquement en guise de châtiment aux hérétiques, il faudra attendre la fin du 19ème siècle pour que la crémation revienne de manière légale dans les pratiques funéraires.
Les églises protestantes l’autorisent depuis 1887.
L’église catholique préconise l’inhumation mais ne s’oppose plus à la crémation depuis le 8 mai 1963.
L’église orthodoxe l’interdit, hormis l’église orthodoxe de Grèce qui l’autorise depuis 2006.
Le judaïsme et l’Islam interdisent la crémation également.
A la fin du XIXème siècle, en réponse aux épidémies de choléra qui sévissent en France, la loi du 15 novembre 1887 autorise la crémation . La construction du premier crématorium de France se fera au sein du cimetière du Père Lachaise. Elle s’étale de 1887 à 1908, le bâtiment de style néo-byzantin est réalisé par l’Architecte Jean-Camille Formigé.
Il est d’abord destiné à l’incinération des restes humains en provenance des hôpitaux puis se dirige vers la crémation dans le cadre de funérailles. La première crémation de ce type a lieu le 30 janvier 1889.
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Comment se déroule une crémation : les aspects techniques
Le cercueil choisi par la famille en vue d’une crémation est un cercueil spécial composé de matériaux adaptés à la crémation. Avec une température de 850°, la durée d’une crémation dépend bien évidemment de la corpulence du défunt mais s’étale en moyenne sur 90 minutes et le délai de remise des cendres à la famille sera d’environ deux heures.
Les cendres seront recueillies dans une urne nominative comportant également le lieu de crémation.
L’urne sera remise à la famille en vue de son inhumation au sein d’un caveau familial, d’un columbarium ou d’une dispersion.
La dispersion des cendres peut se faire dans le jardin du souvenir du cimetière choisi par la famille ou bien dans un lieu autorisé pour les dispersions (c’est à dire en dehors de l’espace public) après déclaration préalable auprès de la municipalité du lieu de naissance du défunt.
Depuis la loi du 19 décembre 2008 fixe les dispositions relatives à la destination des cendres. Il est interdit de conserver les cendres de ses proches à domicile ou dans un espace privé, ou même de les disperser sur une propriété privée (dans son propre jardin par exemple). La division des cendres n’est pas autorisée par la loi.
La crémation et le deuil
On pourrait croire que, d’un point de vue émotionnel, la crémation d’un proche va se dérouler dans des conditions similaires à une inhumation.
Il faut néanmoins bien différencier les deux, surtout sur certains aspects qui peuvent justement remuer l’émotivité : l’absence de sépulture ou de lieu de recueillement « concret » lorsque les dernières volontés ou la famille exigent une dispersion de cendres, et l’acte de crémation, avec tous les aspects techniques qu’il requiert.
Lors d’une inhumation en terre, au terme de la cérémonie funéraire et des hommages, les familles, proches et amis accompagnent le défunt au cimetière. Ils le suivent dans son cercueil, lequel sera descendu dans un caveau, le caveau refermé et les fleurs déposées au dessus. Son nom sera gravé accompagné des dates de naissance et de décès. Ce sera un lieu de recueillement pour chacun qui désirerait revenir lui rendre hommage. Un lieu qui n’appartiendra qu’à la ou les personnes inhumées dans ce caveau. Un lieu comme un repère. Il est mort, il repose ici. On est face à un endroit localisé, une géographie de la mort.
Dans le cas d’une crémation, la cérémonie funéraire se déroule sensiblement de la même manière jusqu’à ce que les personnes présentes se rendent compte d’une réalité technique qui peut devenir perturbante pour certains : la vision du cercueil qui entre dans l’appareil destiné à la crémation. De nombreux crématoriums proposent aux personnes présentes la retransmission sur écran de cette procédure, même si elle ne dure que quelques secondes.
Et puis après que se passe-t-il ? Les cendres sont restituées à la famille en vue d’une dispersion dans le jardin du souvenir ou dans un lieu autorisé ( non public ) ou sont récupérées par une société de pompes funèbres pour une inhumation dans un caveau de famille ou une case de columbarium.
Les familles qui ont opté pour la dispersion dans un lieu autorisé ou au jardin du souvenir se retrouvent avec des cendres de leur proche qu’elles se préparent à éparpiller sur une pelouse où d’autres cendres d’autres défunts ont déjà été dispersées (les traces de cendres sont très souvent visibles sur les pelouses des jardins du souvenir). Le choc émotionnel est parfois inévitable. On passe d’un corps souvent conservé en chambre funéraire un peu avant la fermeture du cercueil, un corps sur lequel on s’est recueilli, sur lequel on a pleuré, à des obsèques, puis à une urne contenant des cendres.
Mais l’aspect le plus sensible réside dans l’absence de lieu de recueillement. En cas de conflit familial par exemple, une veuve peut très bien avoir dispersé ou fait inhumer les cendres de son époux sans avoir indiqué à sa belle famille le lieu de dispersion ou d’inhumation. Il en ressort des familles usées par un deuil compliqué, qui n’arrivent pas à se ressaisir car aucun recueillement n’est possible.
Psychologiquement, affronter une crémation n’est donc pas un acte anodin. Il faut envisager de s’entourer de personnes compétentes pour traverser cette épreuve d’une façon sereine.
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Ils ont choisi la crémation
A travers les allées des cimetières célèbres tels que le Père Lachaise, Montmartre ou Montparnasse, le promeneur croise des sépultures aux noms connus qui ressemblent à s’y méprendre à des caveaux contenant des cercueils. Pourtant, bon nombre de célébrités ou de familles de célébrités ont choisi la crémation tout en conservant la volonté d’ériger à leurs défunts une pierre tombale, un lieu de recueillement. D’autres ont choisi le columbarium où l’on peut lire un nom avec des dates, quelquefois une photo accompagne les indications. Enfin, il y a les dispersions en mer, en forêt, avec la volonté de ne faire qu’un.
- L’humoriste Pierre Desproges repose au cimetière du Père Lachaise, il a choisi la crémation et la dispersion de ses cendres sur une concession végétale. Sa sépulture ressemble à un carré de terre sur lequel pousse un rosier ainsi qu’une végétation différente au gré des saisons, elle est entourée d’une armature en fer forgé ornée des noms, prénoms et années de naissance et de mort.
- La célèbre cantatrice Maria Callas a été incinérée au crématorium du Père Lachaise en septembre 1977 et une plaque à son nom est disposée dans le sous-sol du columbarium. Ses cendres disparaissent mystérieusement quelques jours après les obsèques puis finissent par être retrouvées et seront finalement dispersée dans la mer Egée quelques années plus tard.
- Mustapha Ourrad et Philippe Honoré, tous deux victimes des terroristes lors de l’attentat de Charlie Hebdo en janvier 2015, occupent deux cases consécutives au columbarium du Père Lachaise.
- Le peintre, sculpteur et plasticien Arman, connu pour ses accumulations (on lui doit notamment les valises et les horloges situées devant la Gare Saint Lazare à Paris) décédera à New York en 2005 mais une partie de ses cendres sera ramenée au Père Lachaise pour y être inhumée dans un caveau sur lequel on peut admirer un violon cassé, issu de sa série des « colères ». Une plaque avec une épitaphe était encore visible il y a quelques années mais a été dérobée depuis. On pouvait y lire l’inscription « Enfin seul ! ».
- Les cendres du résistant de la seconde guerre mondiale, Jean Moulin, ont été déposées au Père Lachaise avant d’être transférées au Panthéon.
- Selon ses dernières volontés, et après sa crémation au sein du crématorium du Père Lachaise, les cendres de Jean Gabin ont été dispersé dans l’Atlantique, non loin de Brest.
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Les chiffres de la crémation en France
En 1970 :
– 551 304 décès
– 1755 crémations
– 0,32 % des personnes décédées
– 6 crématoriums répertoriés en France
– 293 crémations en moyenne par crématorium
En 2013 :
– 569 236 décès
– 191 503 crémations
– 33,64 % des personnes décédées
– 163 crématoriums répertoriés en France
– 1175 crémations en moyenne par crématorium
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Sources utilisées pour rédiger l’article : « Crémation en France : revue globale » :
• Guide des tombes d’hommes célèbres – Bertrand Beyern
• Wikipédia – La crémation
• Le site officiel du crématorium du Père Lachaise :
http://www.crematorium-perelachaise.fr/
• Association Nationale Crématiste :
http://association-nationale-crematiste.fr/resources/Cremation+en+France+-
+Statistiques.pdf
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