Les cimetières ne sont pas de simples lieux où s’entassent des cercueils au delà des dalles de marbre et de poussière. Ce sont aussi de véritables musées à ciel ouvert et référencés dans les guides touristiques les plus populaires. L’incontournable cimetière du Père Lachaise à Paris, Gênes et son cimetière Monumental de Staglieno, mais aussi le cimetière d’Ixelles dans la banlieue de Bruxelles.
Petit détour au milieu de trois cimetières aussi incroyables que passionnants.
Le cimetière du Père Lachaise : nécropole mythique
Ouvert en 1804 au Nord Est de Paris, ce cimetière fut longtemps boudé par la population parisienne qui refusait d’expatrier ses morts hors de la ville, dans un terrain considéré comme trop éloigné et vallonné.
Les années passent et rien ne change sous les marronniers du cimetière du Père Lachaise jusqu’en 1817 où ses administrateurs engagent une incroyable stratégie marketing post-mortem : rapatrier les restes de Molière, Jean de La Fontaine et d’Héloïse et Abélard.
Les résultats de l’opération ne se font guère attendre : le nombre de concessions passe de 800 en 1812 à plus de 33 000 en 1830.
Depuis cette époque, la stratégie est toujours aussi payante et le cimetière du Père Lachaise compte aujourd’hui plus de 70 000 résidants silencieux parmi lesquels une liste de célébrités en constante augmentation, même si l’on dit que les places entre les éternels se font de plus en plus rares.
Il est vrai qu’il n’est pas donné à tout le monde d’avoir pour voisin (de cimetière !) Oscar Wilde, Gérard de Nerval, mais aussi Honoré de Blazac, Edith Piaf, Frédéric Chopin, Yves Montand, Champollion, Pierre Desproges, Alain Bashung ou Eugène Delacroix, sans oublier le superlatif du cimetière : Jim Morrisson, leader des Doors qui possède la tombe la plus visitée du Père Lachaise.
3 millions et demi de visiteurs par an, 5300 arbres parmi une flore et une faune en perpétuel renouveau : le cimetière du Père Lachaise représente le plus grand espace vert de Paris intra-muros. Pour une première visite, renoncez définitivement à l’idée de suivre un plan. Il est bien plus excitant de s’y perdre à travers les sentiers improbables et les dalles moussues d’un autre temps.
Le cimetière d’Ixelles : austérité & souvenir
Situé sur la commune d’Ixelles, au Sud de Bruxelles, le cimetière d’Ixelles est l’une des plus grandes et des plus riches nécropoles du royaume en termes de patrimoine architectural mais aussi de personnalités qui y sont inhumées.
Créé en 1877, il occupe environ cinq hectares de superficie, ce qui est finalement très peu quand on le compare au cimetière du Père Lachaise.
L’animation joyeuse, estudiantine et populaire du quartier contraste avec l’austérité immédiatement ressentie en pénétrant à l’intérieur du cimetière.
Dès les premiers monuments, on constate que la bourgeoisie a souhaité là aussi organiser son implantation. Les chapelles bien cossues se dressent fièrement dans les allées centrales, puis finissent par s’estomper et laisser la place à des tombes plus modestes et à une thématique beaucoup plus importante : la première guerre mondiale.
Les cimetières du Nord de la France et de la Belgique sont d’interminables champs de commémoration où bon nombre de monuments et de sépultures rappellent immédiatement la Grande Guerre.
Se souvenir, qu’importe le monument, qu’importe le prix, le devoir de mémoire est partout. Au fond du cimetière se trouve le Reposoir des Martyrs où ont été inhumés les soldats tombés durant les années de conflit. Haies de verdure simples et humbles, parsemées de dalles identiques sur lesquelles veillent quatre statues de soldats grandeur nature. Comme prêtes à se rendre au front. On peut aisément ressentir le poids de la tragédie qui s’est jouée pour toutes ces âmes foudroyées en pleine jeunesse.
A quelques mètres des bronzes, la sépulture de Charles. Disparu à l’âge de 23 ans, ce médecin auxiliaire est tombé en essayant de sauver la vie d’un camarade. Ses prouesses militaires ainsi que ses dernières paroles ont toutes été gravées sur les murs de la chapelle qui comprend un vitrail à son effigie. On mesure l’ampleur du chagrin
Un large éventail de personnalités belges mais aussi étrangères repose dans les allées du cimetière qui mérite d’être paisiblement investigué afin de regarder d’un autre œil un pays qui n’a pas été épargné par cette période terriblement meurtrière.
Le Cimetière Monumental de Staglieno : le faste italien
Il en va des cimetières comme des monuments, il y a ceux que l’on peut trouver forts sympathiques, agréables, plaisants, intéressants et puis il y en a quelques un qui se détachent des autres, les références en la matière, les incontournables.
Le Saint Graal du marbrier, c’est à Staglieno que l’ont peut le trouver !
Situé sur les hauteurs de la ville de Gênes, spectaculaire est l’adjectif qui correspondrait certainement le mieux à ce lieu. Ouvert en 1851, il comptabilise 33 hectares où plusieurs confessions cohabitent pour le plus grand bonheur des amoureux de l’architecture et du beau.
Pénétrer dans l’enceinte de cette nécropole/musée est une expérience à la limite du surnaturel. Le deuil et la souffrance occupent toute la place à travers l’exubérance accordée aux monuments funéraires. C’est une véritable théâtralisation de la mort souhaitée par les familles des défunts dont on se demande qui a lancé le concours du caveau le plus détaillé. Marbre prestigieux, sculptures frôlant un réalisme presque indécent. Mourir c’est aussi paraître, c’est continuer d’exister.
Loin de la végétation minérale du cimetière du Père Lachaise ou de la rigueur Flamande du cimetière d’Ixelles, on est dans la représentation, le gigantisme absolu, la démesure.
Ce n’est donc pas pour rien que les italiens l’appellent Il Cimitero Monumentale Di Staglieno .
Trois cimetières, trois pays aux cultures différentes mais tout aussi complémentaires dans leur façon de représenter la mort et de l’offrir, telle un testament spirituel, aux vivants.
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