Sapeur-pompier ! C’est un métier qui fait rêver les petits garçons et quelquefois les petites filles.
Un immense camion rouge et un uniforme de sauveteur, un casque et une lance pour combattre le feu. Mais aussi un équipement de sauvetage pour les accidents de tous les jours, voie publique, noyade, montagne, forêt. Ils sont là en première ligne pour venir nous secourir dans les situations les plus délicates. Ils ont encore montré récemment l’étendue de leur efficacité lors des attentats de novembre 2015. Les Sapeurs-Pompiers sont confrontés quotidiennement à la mort, à la détresse, au désespoir.
À travers l’interview de Frédéric, pompier professionnel en région parisienne depuis 3 ans après 10 années de volontariat, Testamento a voulu en savoir un peu plus sur cette profession où le risque est présent à chaque instant.
Frédéric a 32 ans, il se prête volontiers au jeu de l’interview avec une minutie et une décontraction qui laissent transparaître la maîtrise de soi nécessaire à ce métier.
Avant d’être pompier, Frédéric travaillait dans différents secteurs sans prédilections particulières. En parallèle à ses activités professionnelles, il a décidé très tôt d’intégrer le corps des sapeurs-pompiers volontaires. Aujourd’hui il occupe le grade de Caporal.
Pourquoi avoir choisi le métier de Pompier ?
J’ai été pompier volontaire durant 10 ans. Je suis pompier professionnel depuis 3 ans désormais. Si l’on est attiré par ce métier, il vaut mieux commencer par intégrer le volontariat. C’est une école qui détermine rapidement les candidats en mesure de poursuivre en professionnel ou non.
Ma principale motivation a été l’envie de protéger. L’idée de venir en aide aux autres et de savoir que ma fonction de pompier aurait une action de bienfait sur la vie des gens.
Être pompier ne s’improvise pas. Il faut de bonnes qualités physiques avant tout mais aussi une grande sociabilité car nous occupons la caserne par tranches de vingt quatre heures et pour se faire, il faut aimer la vie en communauté, avoir un esprit d’équipe et ne pas avoir peur d’être en contact avec l’autre.
Quelle est la journée type d’un pompier ?
Sur la base d’une garde de vingt-quatre heures, nous commençons la journée à 7h30 par un rassemblement où sera évoqué le déroulement de la journée. Nous procédons ensuite par une revue du matériel qui sera susceptible d’être utilisé durant la journée.
Nous poursuivons par une séance de sport, suivie d’un passage dans les douches avant d’aller prendre une collation.
Viennent ensuite deux alternatives avant l’heure du déjeuner :
Les TIG – travaux d’intérêt généraux qui consistent à organiser et nettoyer notre lieu de vie, en l’occurrence la Caserne.
Une manœuvre en simulation : un entrainement sur une situation probable : secours à la personne, incendie …
Bien entendu, la journée se déroule en sachant qu’à tout moment nous sommes susceptibles d’être alertés pour intervenir sur une situation d’urgence. Nous possédons un genre de beeper que nous portons en permanence et qui nous averti dès que nous sommes sollicités pour intervenir. Des feuilles de gardes sont établies chaque jour sur lesquelles sont référencées tous les engins, et chaque pompier a sa feuille de route et un engin qui lui est attribué (ou plusieurs). La répartition se fait en fonction des grades et compétences de chacun.
De midi à 14h on se restaure, et à 14h nouveau rassemblement.
L’après midi est consacrée aux TIG ou aux manœuvres selon ce que l’on a fait le matin, les équipes sont inversées.
Entre 15h30 et 16h00, chaque pompier se dirige vers un service particulier vers lequel il est affecté : formation, prévention, pharmacie, nous disposons d’une heure à une heure trente pour avancer dans nos services respectifs (administratif, pratique …).
17h30-18h00, séance de sport en libre détente.
Le dîner est fixé à 20h00 et la nuit est passée sur place dans les dortoirs de la caserne. Avec bien entendu des nuits plus ou moins courtes en fonction des interventions.
Les moments forts de sa carrière : entre joie et effroi.
Une grande joie, Frédéric l’a vécue lors d’une intervention dans un VSAV, qui signifie dans le jargon des pompiers un Véhicule de Secours et d’Assistance aux Victimes.
Une dame était sur le point d’accoucher …
« Je m’étais déjà visualisé cette scène des tas de fois dans mon esprit. Du coup je ne me suis senti stressé et, j’y suis allé presque en terrain conquis car j’avais répété chaque geste dans ma tête. J’ai réussi à mettre cet enfant au monde et à soulager cette maman qui était très anxieuse. C’était un grand moment de joie et de satisfaction.
Un autre moment d’exaltation est de se mesurer enfin aux flammes. Combattre le feu est une expérience très intense, réussir à le maîtriser nous conforte dans la vocation que nous avons choisie.
En revanche, la difficulté de notre profession de sapeur pompier ne se situe pas sur une seule catégorie de situation mais sur la répétition de plusieurs qui peuvent souvent mettre à mal le moral. Je pense surtout à toutes les interventions qui sont en rapport avec des enfants. Il faut avoir assez de recul pour se protéger psychiquement, surtout quand il y a des débordements émotionnels post-traumatiques de la part des familles qui réalisent sur place la gravité des accidents.
On est confronté à la mort sans doute plus souvent que le commun des mortels mais cela n’a pas réellement d’incidence sur notre perception. J’arrive à prendre de la distance avec mon métier. Je pense que la préoccupation est plus on avance dans le temps plus cette question va être présente dans notre esprit et nous effrayer ».
Frédéric arrive à rendre son métier pédagogique. Il ne se prive pas de rappeler régulièrement à travers les réseaux sociaux ou dans son entourage que la vie ne tient qu’à un fil. Il envisage la vie sous un autre angle car il connaît trop bien sa fragilité.
Frédéric fait la part des choses « Ce qu’il se passe durant mes heures de garde, je le laisse à la caserne. Lorsque je rentre chez moi, je ne ressasse pas les évènements durant des jours. C’est un trait de caractère essentiel pour un pompier. La plupart des pompiers professionnels ont réussi à établir cette distance. Un pompier ne peut clairement pas se permettre d’être en faiblesse et en hypersensibilité dans ce métier ».
Être pompier, c’est aussi protéger sa famille ?
Frédéric a au plus profond de lui la notion même de protection.
Marié, il a souhaité protéger son épouse en souscrivant des contrats d’assurance au cas où il lui arriverait quelque chose de dramatique. Même en cas d’invalidité, cette protection est essentielle.
Pour le reste, son entourage a ce même détachement vis à vis de sa profession.
« Il vaut mieux ne pas se faire de soucis sinon le quotidien a vite fait de devenir invivable. De manière générale il vaut mieux être avec une personne qui fait la part des choses. Mon épouse ne travaille pas chez les pompiers, elle est habituée à cette donnée de risque et fait preuve du recul nécessaire.
Ma famille proche évite aussi de penser aux risques que j’encours.
Pour protéger ma famille il faut aussi que je pense à mon hygiène de vie car de par ma constitution physique dépend la bonne réalisation de mon travail. Je fais du sport, je mange sainement, autant d’actions nécessaires pour travailler dans des conditions optimums ».
Nous avons demandé à Frédéric ce qu’il pensait du site Testamento.
Sa réponse a été sans équivoque !
« Je trouve que c’est une excellente idée car cela supprime la plus grosse contrainte qui est celle de la prise de rendez-vous et du déplacement !
J’ai déjà pensé à faire un testament mais entre y penser et le faire, il y a un gouffre qui est matérialisé par les démarches à effectuer.
Le contenu du site Testamento est très intéressant. »
En savoir plus sur le testament en ligne et Testamento
Les sapeurs-pompiers en quelques chiffres
Les actions
En 2014, les sapeurs-pompiers ont effectué plus de 4.294.400 interventions :
- 270.900 incendies (-4%)
- 279.500 accidents de la circulation (-3%)
- 3.248.900 secours à victime (+1%)
- 51.900 risques technologiques (-3%)
- 443.300 opérations diverses (-5%)
Soit 11.769 interventions par jour (1 intervention toutes les 7,3 secondes) pour 3,4 millions de victimes prises en charge chaque année.
Les chiffres suivants tiennent compte des actions des sapeurs-pompiers militaires : brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) et le bataillon des marins pompiers de Marseille (BMPM).
L’effectif
L’effectif des sapeurs-pompiers est de 246.900 dont :
- 40.800 sapeurs-pompiers professionnels (17%)
- 193.800 sapeurs-pompiers volontaires (78%)
- 12.300 militaires (5%)
Le nombre de jeunes sapeurs-pompiers (JSP) et de cadets est de 27.800.
Les personnels administratifs et techniques (PATS) sont 11.300.
Merci à Frédéric pour sa gentillesse, sa patience et sa disponibilité
Source : http://www.pompiers.fr/pompiers/nous-connaitre/chiffres-cles
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