Ils sont quelques millions à hériter chaque année, en France ou ailleurs. Des illustres inconnus. Loin des paillettes de la Jet-Set, des grandes familles royales ou des célébrités du monde du cinéma, de la télévision, des affaires, ce sont de simples personnes, des « Monsieur et Madame Tout-Le-Monde » qui ont reçu un jour un héritage. Une somme modeste ou conséquente, mais une somme qui a changé leur vie et leur quotidien.
Ils ont eu envie de laisser leur témoignage pour Testamento et parler de ce qui a fait qu’aujourd’hui, leur vie n’est plus vraiment la même.
Mireille, un héritage pragmatique
Mireille a une quarantaine d’année, elle travaille en tant qu’assistante sociale dans des établissements scolaires de Marseille où elle habite depuis plus de 15 ans avec son petit garçon de 9 ans. Discrète mais très à l’écoute de tout ce qu’il se passe autour d’elle, Mireille parle de son expérience de la succession avec une immense fierté. Quand elle vous raconte son histoire, elle représente à elle seule l’idée même de la transmission, du partage, de l’amour filial.
Cet amour, ce partage, cette transmission, cet héritage, elle les a reçus de son père qui pourtant n’est pas son père au sens biologique du terme. Et le plus étonnant de l’histoire, c’est qu’il est toujours vivant.
« Ma mère et mon beau-père sont restés en concubinage dix ans. Ils se sont mariés en 1987 pour « officialiser » leur relation, et pour que ma mère soit reconnue. A ma majorité mon beau-père m’a demandé si j’accepterai qu’il m’adopte, pour me considérer légalement comme sa fille, ce qu’il a toujours fait de par l’éducation qu’il m’a donnée et surtout sa tendresse, son amour, sa confiance. Il avait déjà évoqué cette possibilité avec ma mère depuis longtemps et s’était renseigné auprès d’un notaire, mais étant mineure, il fallait l’accord de mon père naturel avec lequel nous n’avions aucun lien. Ils ont donc préféré attendre que je sois majeure. »
« La procédure a nécessité une enquête de police afin d’évaluer les motivations. Ma mère, les deux enfants de mon père et mon père ont été entendu par la police et un notaire qui ont recueilli leur accord pour cette adoption. C’est ainsi que je me suis retrouvée avec un nom à rallonge en accolant à mes patronymes de naissance, le nom de celui qui était désormais officiellement mon Père ! »
« Quand la mère de mon père est décédée, il s’est retrouvé l’unique destinataire d’un héritage conséquent : biens financiers (assurances vie, argent…) et un immeuble qu’il a fallu vendre pour payer les frais inhérents à la succession. La somme retirée de cette vente rendait mon père imposable sur la fortune. Il avait déjà connaissance du diagnostic de sa pathologie (maladie d’Alzheimer) c’est ainsi qu’il a décidé de prendre contact avec un notaire pour transmettre ces sommes en héritage. Ce notaire lui a expliqué et conseillé le principe de la donation partage. »
« Cette disposition permet, de son vivant, de partager entre ses héritiers tout ou partie de sa succession. C’est ce qu’a choisi mon père, tout en préparant sa succession du reste de ses biens. Nous avons donc tous les trois reçus 100 000€ en héritage.
Pour ma part je savais qu’ils me serviraient d’apport personnel pour un achat immobilier, je les ai placés pendant 7 ans. Si aujourd’hui je suis devenue propriétaire c’est grâce à mon père, à sa clairvoyance, son intelligence pragmatique et son éternel sens de l’équité me concernant car souhaitant que je sois légalement depuis mon adoption, égale à ses enfants naturels. Sans cet apport personnel non négligeable mon fils et moi ne pourrions pas envisager de vivre prochainement dans la résidence de standing à laquelle j’ai pu prétendre ».
Pascale, un héritage artistique
Pascale habite dans l’Hérault, près de Montpellier. Jolie blonde de 44 ans aux yeux bleus, elle est tout en douceur et en timidité. Elle est maman d’un grand garçon déjà très avancé dans l’adolescence. Pascale ne laisse rien paraître de ses gros soucis de santé qui l’ont empêché de poursuivre le travail qu’elle exerçait en milieu social. Sa nouvelle vie lui a été insufflée par son père. Une petite somme d’argent reçue après son décès et avec cela, la promesse d’un autre avenir.
« Lorsque mon père nous a quitté, il m’a laissé une somme d’argent que j’ai eu l’idée d’investir dans un appareil photo professionnel et deux objectifs. Nous avons décidé avec mon ami de créer notre entreprise de photographie de mariage. La photo, c’est sans doute elle qui m’a sauvée la vie. Bien avant de devenir professionnelle, j’étais déjà très attirée par cette discipline artistique. Mon père était un grand amateur de photographie et j’ai pu apprendre cet art en grande partie grâce à lui. Aujourd’hui, je ne peux plus être assistante sociale à cause de ma maladie, mais je suis désormais photographe et c’est un vrai bonheur que d’assister au plus beau jour de la vie des personnes que je m’apprête à photographier ».
Sarah et Julia : un héritage gâché
La quarantaine optimiste, Sarah et Julia ont deux ans d’écart. Deux sœurs aux caractères très différents mais qui ne savent pas passer une seule journée sans se parler au téléphone. Elles vivent à 1000 km l’une de l’autre et se voient régulièrement en famille durant les vacances scolaires, lorsque Sarah quitte la capitale pour rejoindre le Sud de la France d’où elle est originaire.
En 2014, elles ont plongé dans la grande expérience de l’héritage grâce à leur grand-mère.
« Notre père est mort un peu après nos vingt ans, notre grand-père lui était encore vivant et marié à une personne que nous avions toujours considérée comme une grand-mère, bien qu’elle fût sa troisième épouse. Après le décès de notre grand-père, celle-ci a décidé que tous ses biens devraient nous revenir après sa mort. N’ayant eu aucun enfant avec notre grand-père, elle n’avait pas d’héritier direct. Elle a donc rédigé un testament authentique enregistré par le biais de son notaire au Fichier Central des Dispositions de Dernières Volontés. Nous avons été contacté par son notaire pour l’ouverture de la succession et effectué auprès du Trésor Public le règlement des frais correspondants.
Oui mais voilà, dans le cas d’une succession où le testateur n’a aucun lien de sang avec les héritiers mentionnés sur son testament, les frais de successions s’élèvent à 60% du montant du patrimoine. La totalité de son patrimoine étant un bien immobilier (et aucune liquidité !) nous nous sommes retrouvées à devoir payer des frais de succession correspondants aux deux tiers du montant de notre héritage en attendant de pouvoir vendre l’appartement.
Notre Grand-Mère aurait dû bénéficier de conseils éclairés pour éviter que ce patrimoine revienne à l’Etat. Était-ce une réelle volonté de sa part de chercher à garder la pleine propriété de son appartement ? Aujourd’hui nous espérons que cet héritage soit solutionné rapidement car il nous a apporté à ce jour plus de désagréments que de bénéfices !
On ne parle pas assez de la nécessité de régler sa succession avant d’atteindre un âge avancé ou de tomber malade. C’est maintenant, dès la quarantaine qu’il faut se pencher dessus si l’on a des biens. Pour que tout soit un minimum cadré et profite à celle ou celui qui recevra cet héritage comme une chance, un vrai cadeau et non pas un cadeau empoisonné ! ».
Mireille, Pascale, Sarah et Julia, trois expériences différentes pour des héritages qui ont changé leur vie. Et dans leur esprit, des mots qui résonnent : transmission, prévoyance, patrimoine …Des mots qui peuvent, avec un minimum d’organisation et de bon sens, révolutionner le cours d’une existence.
Testamento remercie chaleureusement Mireille, Sarah, Julia et Pascale pour leurs témoignages et leur disponibilité.
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