Il y a des métiers où la probabilité de risquer sa vie est relativement faible. On se lève le matin, on part travailler dans une entreprise, un magasin, une administration, un cabinet d’avocat, de médecin, de notaire. On va vendre des fleurs, des fruits, ou même des voitures. En se rendant sur son lieu de travail, on ne pense pas une seule fois à l’idée que cette journée pourrait bien être la dernière que l’on vit sur cette terre. Entretien avec un brigadier parisien qui témoigne d’un métier dangereux, où le risque est permanent.
Il existe bel et bien une autre catégorie de métiers, celle des métiers dangereux : pompiers, militaires, policiers… Autant de vocations, autant de passionnés et autant de risques de voir un jour son existence basculer dans le drame. Il faut être lucide : tenter d’éteindre un feu de forêt est bien plus risqué que de vendre des vêtements dans un centre commercial.
Ce risque, c’est bien sur celui de mourir. De perdre la vie dans une opération militaire, une arrestation de délinquant, une intervention sur un incendie.
Testamento.fr, référence du testament en ligne depuis 2013, est allé à la rencontre de ces gens qui risquent leur vie au quotidien pour protéger la nôtre.
Isabelle* a 36 ans, brigadier dans un commissariat Parisien. En poste depuis presque 15 ans désormais, c’est grâce à ce métier qu’elle a pu rencontrer son époux, lui-même Sous-brigadier et également en poste dans la Capitale.
Protéger son prochain, une vocation
« Enfant, j’ai très vite compris que je ne serai heureuse et à ma place qu’en intégrant la police, la gendarmerie ou l’armée. La quasi-totalité de ma famille occupe divers postes dans chacune de ces institutions. Cela ne pouvait en être autrement ».
Bien qu’il n’y ait pas de profil type du brigadier en civil, Isabelle ne laisse rien paraître de son métier. Pétillante et pleine de vie, elle porte ses cheveux blonds lâchés, agrémentés d’une paire de lunettes de soleil en guise de serre-tête. On ose à peine imaginer ce qui doit se dérouler dans son esprit au moment même où elle démarre son service.
« Ce n’est pas un métier où je peux déposer mes sentiments en même temps que mon uniforme. Il n’y a pas de vestiaire pour les sensations et les images. Tout reste à l’intérieur de votre cerveau et tout au long de la journée, même quand vous n’êtes pas en service, tout peut vous renvoyer à votre travail. Il suffit de regarder le journal de 20 heures ou d’avoir connaissance de l’actualité pour être en permanence redirigée au cœur des problèmes rencontrés quotidiennement sur le terrain ».
La prise de risque dans le quotidien
Isabelle évoque avec beaucoup d’émotion les attentats de janvier 2015 et la tuerie de Charlie Hebdo. Comme beaucoup de fonctionnaires de police, ses trois collègues se sont levés le matin, ils sont allés travailler en occultant les risques du métier car comme elle le dit si bien, « cela n’aboutirait à rien de stresser à l’avance sur les risques qui sont encourus chaque jour ». Pourtant, ces trois policiers ont été tués. Chacun dans l’exercice de leurs fonctions. C’est le paradoxe suprême de la profession. Un policier sait qu’il peut risquer sa vie chaque jour, mais il ne pense avant tout qu’à une seule et unique chose : faire son métier.
« A la suite des attentats, mon fils a compris que Papa et Maman pouvaient mourir parce qu’ils étaient des policiers. Mais je ne suis pas pour le fait de focaliser sur cette situation. Chaque jour suffit sa peine et je souhaite regarder le verre à moitié plein, plutôt que celui à moitié vide ».
Des solutions pour lâcher prise
« J’ai la chance d’avoir un mari policier. Personne n’est mieux placé que lui pour comprendre ce que je vis au quotidien. J’ai connu des couples pour qui l’épreuve de la vie commune et du mariage a très vite échoué. Ils n’ont pas résisté à la pression de nos métiers beaucoup trop usant émotionnellement et psychiquement parlant. Tout est une question d’équilibre, de dosage. Mon mari sait que je suis là quand il a besoin de lâcher prise, et réciproquement, si je ne vais pas bien, je sais que c’est lui qui va m’aider à remonter la pente. Nous avons réussi un juste équilibrage de nos sensibilités. Comprendre l’autre, être à son écoute sans l’étouffer et surtout, savoir exactement ce qu’il ressent ».
La prévoyance dans les métiers dangereux
« Au tout début de mon arrivée en école de police, j’ai rempli des documents destinés à nommer des personnes qui bénéficieraient d’une sorte d’assurance vie s’il m’arrivait quelque chose ; je n’ai pas songé à mettre à jour ces documents, mes parents sont toujours inscrits dessus. »
« Avec mon mari, on y pense régulièrement mais sans trop avoir envie de se pencher dessus car cela nous ramène une fois de plus aux risques que nous prenons chaque jour en faisant notre métier.
Nous avons souscrit une assurance vie à 100% pour chacun d’entre nous sur le crédit de notre maison. Il était hors de question d’emprunter sans avoir la certitude qu’aucun problème d’argent de viendrait se rajouter à la douleur de voir l’autre se retrouver veuf ou veuve si le pire devait arriver ».
Isabelle se penche alors sur la démarche du testament en ligne proposé par Testamento.fr et se rend compte qu’elle aurait effectivement plus de facilité à se diriger vers ce genre de support pour amorcer une réflexion quant à l’« après ». Elle sait qu’elle doit le faire, elle sait qu’elle va le faire, mais … « Je pense que mon mari et moi-même, nous avons plus de difficultés à parler de la mort de l’autre plutôt que la mort des autres ».
La France compte 145 000 fonctionnaires de Police.
Sur l’agglomération parisienne, on recense :
- 9 zones de sécurité prioritaire
- 579 000 personnes accueillies dans les commissariats
- 1 279 287 appels au 17 police-secours
- 486 016 interventions du 17 police-secours
(Sources : http://www.prefecturedepolice.interieur.gouv.fr/)
* Le prénom a été changé pour des raisons de confidentialité du témoin.
Un immense merci à Isabelle pour sa gentillesse et sa disponibilité de la part de toute l’équipe Testamento.
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