En marge d’une actualité internationale mouvementée, l’actualité était chargée ces derniers jours sur le plan économique.
Premier temps fort : les annonces du 10 juillet 2014 d’Arnaud Montebourg proposant de redonner 6 milliards d’euros aux contribuables par une série de mesures d’économie. L’une des mesures phare était la révision des professions réglementées et des monopoles.
Deuxième temps fort, juste après le week-end : l’annonce d’un rapport de l’Inspection Général des Finances (IGF), dont certains éléments ont été dévoilés en exclusivité lundi 14 juillet dans un article dans le journal Les Echos, avec un titre ronflant : « Professions réglementées, le rapport choc de Bercy ».
Troisième temps fort, hier : Les Echos dévoilent quelques recommandations phare à destination du gouvernement sur le sujet du notariat afin de faire baisser les tarifs de l’immobilier et faciliter la libre installation des notaires.
Que penser de ces annonces ?
Que disent les articles ? A l’origine, pas grand-chose, à part que le mystérieux rapport de l’Inspection Général des Finances que nous aimerions tous lire « préconise des réformes ciblées qui pourraient faire baisser jusqu’à 20% les prix des services concernés ». L’article donne cependant une bonne idée de la suite à attendre, pour préparer le terrain d’annonces… que le gouvernement voudrait faire à la rentrée. En attendant, tous les représentants des professions réglementées se sont précipités sur les plateaux de télé et de radio pour dire en substance qu’il ne faut rien changer car tout marche très bien.
Hier, les mesures proposées sont devenues plus concrètes vis-à-vis de la profession de notaire : l’objectif est de faire baisser les prix en supprimant la proportionnalité du coût des actes des notaires, de simplifier l’installation de tous les notaires sur le territoire dans le but de faire baisser le prix des études notariales. Enfin, sujet qui fâche, le rapport semble préconiser la fin du monopole du notariat sur une partie des actes immobiliers.
Attention à ne pas tomber dans la démagogie
Beaucoup de commentaires ont mis en avant le niveau de vie de ceux qui exercent des professions réglementées. Attention à ne pas tomber dans la démagogie. Si la rémunération est effectivement proportionnelle au travail et à la valeur ajoutée par ces professionnels, souvent hautement diplômés, il n’y a pas de raisons directe de critiquer une rémunération élevée en soi. Par exemple, la rémunération moyenne des notaires souvent citée (on parle de 17 000 € / mois, ce qui est extrêmement élevé) ne mentionne pas d’énormes disparités entre les petites études de province et les grandes études des grandes agglomérations, dans lesquelles les prix de l’immobilier et la valeur des successions ne sont sans aucune mesure. Les réformes engagées ne doivent pas à mon sens se cristalliser sur ce point. De plus, il ne faudrait pas oublier que les professions réglementées exercent des professions libérales, qui ne bénéficient pas des mêmes traitement que les salariés (maladie, retraite etc.).
En ce qui concerne Testamento, j’ai été interrogé la semaine dernière par quelques journalistes qui m’ont demandé mon avis sur le monopole du Notariat. J’ai été cité pendant le journal de la matinale d’Europe 1, aux côtés d’une autre startup qui dérange en ce moment, Ornikar (celle-ci propose d’accéder directement à des moniteurs d’auto-écoles pour faire baisser le prix du permis de conduire). Le reportage est disponible ici, rendez-vous à 9 min 15 du replay).
Ma position est claire : aujourd’hui, Testamento ne s’attaque pas au monopole du notariat, car il n’existe tout simplement pas de monopole relatif au testament olographe. Nous proposons des modèles puis la relecture, l’inscription dans une base nationale officielle des notaires (FCDDV pour les connaisseurs) et la conservation optionnelle par un notaire du site dans les meilleures conditions de sécurité. Notre démarche a suscité l’émoi de certains représentants de la profession mais il s’agit d’une réaction dogmatique car de nombreux notaires nous ont contacté pour nous féliciter de notre démarche ou parce qu’ils souhaitaient travailler avec nous.
Professions réglementées ou pas : le service avant tout !
Comme toutes les professions, qu’elles soient réglementées ou non, le service client est la clé. Les français ne sont pas dans ce domaine les champions du monde, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais il y a des professionnels aimables et souriants, qui prennent le temps d’écouter les clients et d’expliquer clairement les choses lorsque le sujet est complexe. Si la qualité de service des taxis était exceptionnelle, les compagnies de Véhicules de Tourisme avec Chauffeur (ou VTC) rencontreraient-elles le même succès ? Si les compagnies de taxi avaient intégré le numérique au cœur de leur stratégie afin de simplifier le règlement par carte bancaire et la géolocalisation des taxis par les clients, en serions-nous là ?
L’innovation et le numérique au service des professions réglementées
Il ne sera pas simple de faire évoluer les situations monopolistiques et les propositions seront probablement contrastées d’une profession à l’autre, en fonction du lobbying produit pendant la période d’été. On ne peut pas faire fi du passé, mais on doit clairement faire évoluer les choses. Au 21ème siècle, personne (ou presque) n’est prêt à attendre 2 mois pour avoir un rendez-vous chez un spécialiste, qu’il soit médecin, avocat, notaire ou autre. De moins en moins de personnes accepteront que leur interlocuteur, aussi diplômé soit-il, les prenne de haut lorsqu’il ose poser une question ou demander une précision. A l’ère du numérique, le consommateur peut s’informer seul et des outils existent pour fluidifier la relation client, c’est en tous les cas sur ces points que nous cherchons modestement à faire la différence chez Testamento, en démocratisant le testament et cherchant à provoquer le « réflexe testament » pour ceux qui peuvent en avoir besoin, en particulier les couples pacsés. Nous sommes soutenus dans ce contexte par des notaires novateurs qui anticipent aussi l’évolution de leur profession, avec ou sans monopole.
- « Mon vieux » : Elie Sémoun - 30 décembre 2020
- Transmission : un nouvel abattement de 100 000 euros à saisir ! - 7 septembre 2020
- Conséquences du recul de l’âge de l’héritage - 13 juillet 2020