Anticiper son décès pour profiter sereinement de sa vie

Anticiper son décès pour profiter sereinement de sa vie

Anticiper son décès pour profiter sereinement de sa vie

Retrouvez ici l’intégralité du texte de cette tribune de Virgile Delporte, président de Testamento, qui a été publiée sur le site de RiskAssur.

L’étude que nous avons publié fin 2019 sur “Les Français et la succession” le démontre. 8 Français sur 10 n’ont pas rédigé de testament et semblent éluder le sujet de leur succession, c’est-à-dire de leur propre disparition. Dommage car anticiper son départ, c’est se garantir une vie bien plus sereine.

Entre tabou et “mort 2.0”

Loin de moi l’idée de mettre en lumière une prétendue imprévoyance ou inconsistance de nos concitoyens. Ces chiffres nous mettent au contraire face à un double enjeu : celui de vaincre une forme de tabou et convaincre les Français de la nécessité de s’intéresser à la succession, au-delà des simples questions d’argent. Car, comme le souligne François Michaud Nérard, alors même que nos sociétés semblent avoir vaincu nombre de tabous tels que l’homosexualité, la mort (et le deuil) continue d’être un sujet que beaucoup tentent d’éviter.

Pourtant, les mentalités changent. Avez-vous vu la dernière série Upload sur Amazon Prime Vidéo ? Même la mort fait sa révolution culturelle et digitale et voit émerger de nouveaux questionnements qui viennent interroger chacun sur sa succession et sa possible éternité numérique née, entre autre, des réseaux sociaux. De même, le basculement progressif depuis les années 1970 de l’inhumation vers la crémation, met lui aussi en lumière une appréhension nouvelle de la mort, sans doute moins pénétrée de religiosité mais tout autant soucieuse de l’après et de la relation à ceux qui restent.

Stupeur et accidents : le cycle de la vie

Si chaque année notre pays enregistre plus de 700 000 naissances, il voit aussi disparaître près de 600 000 personnes, 1640 personnes par jour en moyenne. Et, qu’on le veuille ou non, l’actualité nous rappelle chaque jour que nous ne sommes pas éternels. Chaque jour, la mort nous démontre qu’elle demeure imprévisible, inexorable et qu’elle peut frapper à tout âge. Ainsi, en France, chaque année, 20 % des personnes qui décèdent ont moins de 65 ans. Ultime démonstration qu’une succession s’anticipe dès que possible. Chacun peut en faire l’expérience douloureuse avec sa famille, son cercle d’amis… Accidents domestiques, accidents de la route – plus de 3 000 personnes en France 2019 – maladies graves et cancers – environ 150 000 décès par an – frappent aveuglément enfants et adultes dans la force de l’âge.

La vie n’est pas un long fleuve tranquille. C’est ce qui fait son intérêt et sa sève. Et nous pousse à prendre des risques, tous les jours, et sortir de notre zone de confort. C’est aussi ce qui nous invite, tous sans exception, à imaginer, anticiper et préparer notre propre disparition. Que vous soyez une femme célibataire de 30 ans, un homme marié avec deux enfants, vivant en couple non-pacsé ou hors mariage, ou divorcé, sans enfant et âgé de 45 ans. Avoir anticipé et préparé sa succession, c’est avoir choisi et désigné ses ayants droits dans une clause bénéficiaire ou un testament écrit, déposé ou pas devant notaire. C’est aussi avoir veillé à protéger ses proches en ayant souscrit une assurance permettant de garantir le financement des études de ses enfants, une visibilité financière bien utile au-delà même de  la période du deuil. C’est enfin avoir parlé de votre disparition avec vos proches et abordé des questions aussi critiques que vos directives anticipées ou les choix d’éducation pour vos enfants, même si ce n’est pas le plus facile à faire. Avoir accompli ce travail de réflexion, d’échange et de transmission est la garantie d’une vie plus sereine, libérée de cette épée de Damoclès que beaucoup se refusent encore, à tort, à voir.

Succession : tous les gagnants ont participé

Une fois acceptée l’idée qu’anticiper sa succession est une bonne idée, a fortiori si on est jeune et en bonne santé, tout un éventail de dispositifs est à notre disposition. Mais par où commencer ? 

Faire l’inventaire de ses biens et de ses placements est probablement un exercice nécessaire et un bon début. Pensez à ce qui pourrait être oublié si vous n’étiez plus là demain. Avez-vous, par exemple, pensé à mettre à jour la clause bénéficiaire de vos contrats d’assurance ? 

Et même dans le cadre d’un prêt immobilier qui implique nécessairement la souscription d’une assurance, il est fortement recommandé de s’interroger sur la bonne stratégie à adopter. Si le prêt est fait à deux, à parts égales avec votre conjoint, pensez, quand c’est possible, à vous couvrir tous deux à hauteur de 100 % du montant emprunté. Vous pouvez le faire avec la même assurance que le prêt bancaire, mais aussi avec une autre assurance, non associée avec l’emprunt. Les revenus d’un des deux ont fortement chutés ou augmentés? Pensez à ajuster la répartition pour couvrir en priorité le plus fragile des deux. Les combinaisons sont multiples. Raison de plus pour vous y intéresser de près.

Même si la motivation est souvent autre que la succession, l’assurance-vie est un levier qui peut aussi s’avérer efficace, d’autant que 45 % des ménages français ont déjà au moins un contrat. En cas de décès, le capital détenu est sorti de l’actif successoral et donc, non imposable à hauteur de 152 000 euros pour chacun des ayants droits. Encore faut-il que les ayants droits soient bien ceux qui comptent pour vous, aujourd’hui.

Plus encore, l’assurance décès (dite “à fonds perdus”) souscrite dans le cadre d’un contrat prévoyance individuel ou collectif, garantit un capital intégralement non imposable. Cette assurance est incluse dans vos contrats de prévoyance d’entreprise si vous êtes salarié, mais nécessite une démarche spécifique pour les autres. Qui plus est, plus le contrat est souscrit tôt, plus les mensualités sont faibles. A titre d’exemple, pour un contrat souscrit à 30 ans, pour un capital garanti de 100 000 euros, il vous en coûtera environ 100 euros par an. Ce sera dix fois plus si vous attendez vos 60 ans…

Disons-le, la succession au sens large est l’affaire de tous ou, du moins, elle devrait l’être. La vie est riche en rebondissements et, comme le disent nos amis anglophones, “time flies”. Raison de plus pour s’assurer d’un voyage riche et serein aux côtés des siens ; d’anticiper sa mort pour profiter pleinement de la vie.

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