En 1965, Henri Salvador chantait « le travail c’est la santé ».
Un demi-siècle plus tard, la préoccupation principale des entreprises, au-delà du chiffre d’affaire annuel à réaliser, est d’endiguer l’arrêt maladie et de prévenir les accidents du travail, véritable fléau contre-productif !
En 2016, on peut désormais parler de la nocivité du travail. Est-ce que l’abus de travail ne nuirait pas à cette fameuse santé ?
En plus des métiers qui rentrent habituellement dans la catégorie désignée comme « à risques » car considérés comme dangereux, de plus en plus d’études se penchent sur la pénibilité au travail et spécifiquement sur la souffrance psychique observée au sein des entreprises.
Travailler pour exister
De tous temps mais plus encore au XXIème siècle, la reconnaissance sociale s’est obtenue par le travail. Avoir un métier, être salarié dans une entreprise ou son propre patron, faire quelque chose de ses dix doigts, se lever le matin et se rendre sur son lieu de travail, échanger avec ses collègues, accomplir la tâche qui nous a été confiée, rentrer le soir après une journée de travail bien remplie et répéter inlassablement le même schéma de vie entrecoupée de congés payés, d’arrêts maladie, de congés maternité, sans solde, avec dans un coin de notre cerveau le spectre de l’inactivité : chômage, retraite.
Si certains s’accommodent de l’inactivité, d’autres n’y voient aucune réjouissance. L’accomplissement personnel se trouve pour beaucoup d’entre nous dans le travail, source de satisfaction, de reconnaissance sociale et d’estime de soi.
Pourtant, si le travail est censé nous apporter un équilibre financier et psychique, il n’en reste pas moins dangereux pour toute une catégorie de personnes. Dangers physiques, dangers psychologiques, en 2015 les statistiques parlent d’elles-mêmes : le travail continue de tuer et 541 personnes ont trouvé la mort en France en 2013 dans ce que l’on appelle communément un « accident de travail » (source : Assurance maladie. Tous secteurs professionnels confondus, même les secteurs administratifs). Même si la dangerosité de certains métiers occasionnée par la manipulation des machines s’est nettement améliorée (le secteur du BTP (bâtiment & travaux publics) est le plus touché) le fait de risquer sa propre vie au travers d’une action censée améliorer notre confort de vie, voilà un paradoxe assez édifiant !
Ce que l’on appelle des métiers à risque
Dans de précédentes chroniques, Testamento avait souhaité recueillir les témoignages de plusieurs personnes confrontées à ce que l’on appelle communément « un métier à risque ». Policiers, Militaires, Pompiers, il suffit juste de penser à cette catégorie de métiers pour s’imaginer que le pire peut arriver à chaque intervention. L’imprévu est leur quotidien mais ce n’est pas pour autant qu’ils y pensent tout au long de leur journée de travail. Ces « travailleurs du risque » ont tout à fait conscience de la nécessité de mettre leur famille à l’abri au cas où il leur arriverait un problème « dans l’exercice de leur fonction ».
Des clauses spéciales sont souvent mentionnées dans leur contrat au jour de l’engagement. Ainsi pour un militaire, on parle de « sacrifice ultime ». Une prise de conscience immédiate de la dangerosité du métier.
Mais au-delà de ces vocations où le risque semble finalement très évident, ou d’autres professions soumises à la pollution, à la rudesse du climat, aux charges lourdes, à la manipulation de machines ou de matières dangereuses, il y a ces autres corps de métiers que l’on oublie et qui pourtant sont exposés à des risques potentiels.
L’actualité nous a récemment démontré qu’être journaliste ou même dessinateur de bande dessinée n’était pas un métier franchement tranquille, sans parler des bijoutiers, une catégorie professionnelle devenue « à risque » à cause des nombreux braquages. La criminalité ne s’arrête malheureusement pas à une seule enseigne et tout magasin peut devenir la cible potentielle de braqueurs en recherche de liquide. Du magasin de vêtement au bar tabac en passant par une station service. Les banques n’intéressent plus les braqueurs. Peu accessible et trop sécurisé.
Burnout et risque psychosociaux
« La catégorie des risques psychosociaux (RPS) relève des modes de qualification et d’évaluation des conditions de travail apparus au cours des années 2000, par extension de la notion de stress ; mais le stress n’est qu’une des manifestations des RPS » (source wikipédia)
Nous voici ici dans le cœur même du sujet : les conditions de travail.
Comment peut – on évaluer une bonne condition de travail ? Peut – on parler d’entreprise agréable et matériellement confortable (tout est mis à la disposition des employés pour que le temps passé soit heureux et productif). Est-ce que le confort physique peut éviter la souffrance morale ? Car un chef d’entreprise peut aisément décider d’équiper ses locaux pour que ses salariés travaillent dans des conditions agréables, mais ce confort va-t-il également s’appliquer dans sa relation envers ses subordonnés ?
Au départ ce ne sont que quelques petites phrases prononcées le matin avant le café, puis cela se poursuit en post-it laissés sur des dossiers, en emails et en propos humiliants devant une assemblée venue assister à une réunion. Le harcèlement moral en entreprise est un véritable fléau. Le pire est attendu lorsque l’on se rend compte que l’on peut aussi être harcelé par des personnes ayant une ancienneté ou un grade similaire au nôtre. Le harcèlement n’est pas seulement une histoire de hiérarchie, cela concerne aussi la personnalité : celle du pervers manipulateur et narcissique.
Pression sur le chiffre d’affaire, objectifs irréalisables, isolement, dénigrement de ses pairs ou de sa hiérarchie. Le stress sur son lieu de travail est un problème de santé publique au point d’avoir vu émerger ces dernières décennies un terme anglo-saxon spécifique pour désigner cette pathologie. Ils sont utilisés désormais par tous les professionnels de la santé mentale.
Egalement appelé « Syndrome d’épuisement professionnel », le terme de « burnout » s’utilise pour désigner un mal être conséquent au travail. Surcharge d’activité, sentiment d’impuissance, stress de ne pas atteindre son objectif. L’épuisement professionnel peut quelquefois conduire au suicide.
Entre Janvier 2006 et mars 2008, l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) a élaboré une enquête sur le risque suicidaire au travail. Baptisée « Samothrace », cette étude a révélé que 10% des femmes étaient concernées par le suicide sur le lieu de travail, contre 7% des hommes.
Le risque diminue en fonction de la catégorie sociale. Les catégories les plus favorisées étant les moins concernées. Les secteurs les plus touchés sont la santé, l’action sociale et les transports et communication.
Métiers à risque : prévoyance rime avec bon sens
En associant risque et vie professionnelle, il n’est évidemment pas question ici de comparer le travail à une maladie incurable. Bon nombre de personnes exercent leur profession dans des conditions confortables et dans un climat épargné du stress et du surmenage. Le bon sens rimant avec prévoyance, il s’agit de se projeter dans un schéma de vie qui pourrait se révéler beaucoup moins agréable et occasionner des bouleversements conséquents.
Parce que l’on sait que cela n’arrive finalement pas qu’aux autres et qu’il est certainement plus judicieux d’organiser ses dernières volontés avant que cela devienne un fardeau pour toute une famille en deuil, protéger sa famille lorsque l’on est soumis à des risques professionnels ne doit pas rester qu’un concept mais devenir une idée bien concrète qui ferait son chemin doucement dans un coin du cerveau.
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