Don d’organes * C’est certainement la dernière volonté la plus noble que nous puissions laisser ici bas. C’est aussi la définition exacte de ce que l’on appelle le « don de soi », cette démarche altruiste, ce testament de vie.
Retour sur un legs qui dépasse de loin toutes les espérances pour celui qui le reçoit : le don d’organes
Le don d’organes en quelques explications
Chaque année, des personnes malades sont en attentes de greffons. Coeur, foie, reins, poumons, pancréas, certaines sont dans l’urgence absolue et leur vie dépend de la perspective assez rapide d’une greffe, d’autres ont encore les moyens de patienter grâce à des soins adaptés mais pour une durée plus ou moins approximative. Le don d’organe est donc un sujet à ne pas prendre à la légère.
On parle ici de vies sauvées et d’un bénéfice qui concernera non pas seulement le malade en lui même, mais tout ce qui gravite autour de lui. L’arrivée d’une greffe, c’est l’espoir de retrouver une existence normale, une vie sociale et familiale apaisée.
Quels organes, quels prélèvements ?
Certains organes peuvent être prélevés du vivant des donneurs ( c’est le cas des reins, de la moelle osseuse, de la peau, de fragments osseux et exceptionnellement de lobe hépatique et lobe pulmonaire ). Bien souvent, ces prélèvements du vivant se font dans le cadre du cercle familial après une recherche de compatibilité auprès des proches.
Mais la majorité des prélèvements se font sur des donneurs décédés.
Après la mort, on peut prélever sur un donneur les organes suivants :
– Cœur, foie, rein, poumon, pancréas, os-cartilage, cornée, peau et intestin (rarement).
Qui peut donner des organes ?
Vouloir donner ses organes après sa mort ne signifie pas forcément que cela sera possible.
Lorsque l’idée a fait son chemin et que l’on se sent déterminé envers cette cause, la première étape à franchir est de se procurer sa carte de donneur d’organes, de la conserver sur soi en permanence et d’en informer ses proches et son médecin traitant.
Toute personne en état de mort encéphalique (un cerveau n’ayant plus aucune activité cérébrale) sera considérée comme apte au don d’organe en fonction de la cause de la mort (l’essentiel des prélèvements se font à la suite de décès par AVC, traumatismes crâniens, accident cardiaque) et de la décision des médecins ayant constaté le décès et après éventuelles analyses médicales excluant des organes déficients ou des maladies transmissibles. Les circonstances de la mort sont décisives pour l’équipe médicale. Il n’y a pas d’âge réglementaire, seule la qualité des tissus et des organes est déterminante.
Les mineurs ont tout à fait la possibilité de posséder leur carte de donneur d’organe mais le consentement des parents sera exigé en cas de prélèvement.
Le don d’organe est complètement anonyme et gratuit. Le receveur n’aura jamais connaissance de l’identité de son donneur et réciproquement pour la famille du donneur qui ne pourra prétendre à rencontrer le receveur. Aucun frais supplémentaire n’est facturé à la famille du donneur, tout est pris en charge par les hôpitaux concernés dans le cadre du prélèvement, du transfert et de la transplantation du ou des greffons.
Après un décès, que va-t-il se passer ?
En France, les lois qui régissent le don d’organes se basent sur la notion de « consentement présumé ». Cela signifie que toute personne en état de mort encéphalique est considérée comme donneur potentiel si elle n’a pas manifesté de son vivant son refus ou si elle ne l’a pas fait savoir à son entourage.
En revanche, les équipes médicales ne vont pas passer outre la consultation de la famille et des proches du défunt s’il subsiste un doute ou si aucune directive anticipée n’a été formulée en ce sens.
Tout doit alors se dérouler dans un ordre minutieux et minuté afin que les organes ne subissent aucune détérioration, à commencer par le maintien artificiel du corps en état de fonctionnement en attendant la réponse de la famille.
Après une rencontre avec l’équipe de coordination du don d’organe et si la famille ne s’oppose pas au prélèvement (du fait des dernières volontés du défunt ou de la détention de sa carte de donneur d’organe) le corps est emmené immédiatement pour des prélèvements sérologiques afin d’écarter toutes maladies transmissibles de type hépatite, SIDA … D’autres examens sont pratiqués pour vérifier l’état général des organes ainsi que leur taille grâce à l’imagerie médicale. Ces examens vont permettre une répartition des organes en fonction des receveurs compatibles en terme de morphologie et d’immunité. A titre indicatif, le receveur doit avoir exactement le même groupe sanguin que le donneur.
C’est l’Agence de la biomédecine qui se charge de la coordination et de la régulation du prélèvement et des greffes à tous les niveaux : le moyen de transport le plus rapide est choisi et toutes les équipes sont mobilisées pour prévenir les patients en attente d’un greffon, tout va se passer en moins de 24h entre le moment où la famille donne son aval et celui où le receveur est accueilli au bloc opératoire pour sa greffe.
Pourquoi décider de donner ses organes ?
Avant toute chose, il faut savoir que n’importe qui sur la planète est un jour susceptible d’être en attente d’une greffe d’organe. Il suffit de s’imaginer à la place d’une personne dont l’enfant attend un coeur, un rein qui pourrait lui sauver la vie, ou de se voir soi même dans la situation d’un patient en sursis, dont les jours sont comptés et soumis au bon vouloir d’une famille qui donnerait ou non son aval pour un prélèvement sur un sujet potentiel.
Pourquoi décider de donner ses organes ? Non pas pour « faire plaisir » ou par bonne conscience, non pas pour se glorifier ou se valoriser de son vivant, mais tout simplement pour participer à sauver des vies, pour devenir le maillon d’une chaîne qui doit sans cesse grandir. Le don d’organe est encore insuffisant en France.
Les chiffres du don d’organes
En 2015 :
– Sur 21378 malades nécessitant une greffe, seulement 5746 greffes ont été réalisées.
– Sur 3579 morts encéphaliques, seulement 1769 personnes ont pu être prélevées de leurs organes.
– Le nombre d’inscrits en attente d’une greffe (tous organes confondus) est passé de 7292 personnes en 2007 à 13749 en 2015, soit quasiment le double, 8 années plus tard.
– Le nombre de décès suite à l’attente d’une greffe est également en constante augmentation depuis 2007 : 393 personnes décèdent faute de greffe et en 2014 c’est 579 personnes qui n’auront pas non plus la chance d’une nouvelle vie.
Pourquoi refuser le don d’organe ?
Les motivations du refus restent toujours assez personnelles. La plupart des refus sont occasionnés par un état émotionnel encore trop sensible au moment de l’évocation de la possibilité de don. Des familles se retrouvent en état de choc après l’annonce du décès de leur proche. Elles ne sont pas forcément au courant de ses dernières volontés et refusent au final une situation qui aurait forcément besoin d’un délai plus important pour que l’idée fasse son chemin en recentrant l’importance de l’acte et la possibilité de sauver des vies.
Outre la « fulgurance » de la demande qui motiverait le refus, d’autres facteurs peuvent intervenir, tels que l’aspect quasi vivant du corps (maintenu en vie « mécaniquement » mais sans aucune activité cérébrale, et qui donne quand même un aspect de sommeil et non de corps mort) et l’atteinte à l’intégrité du corps. La famille se retrouve en proie à des doutes qui ne seront pas levés, même avec l’aide du personnel médical coordinateur. Dans quel état sera rendu le corps, sera-t-il mutilé, sera-t-il possible de faire une présentation sans que cela se remarque. Autant de questions qui laisseront une certaine perplexité au sein de la famille au point de ne pas souhaiter répondre favorablement.
Afin de faciliter les procédures, il est possible de mentionner son refus de don d’organes en se manifestant auprès du fichier national de refus de don.
Quoi que l’on puisse envisager, un refus ou un accord, l’essentiel est d’en parler avec ses proches et son médecin traitant. Ainsi, cette décision facilitera le contact avec l’équipe médicale le jour venu.
Elle aura aussi le mérite d’avoir habitué votre entourage à cette idée.
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