Si je lègue mes followers, je transmets mon influence, ma réputation ou encore ma visibilité ?
Un business pour certain, un influence grandissante, un outil rumoral, ou une réputation pour d’autres ; les followers valent beaucoup, si ce n’est pas de l’or.
Nous avons aujourd’hui une identité numérique multiple car présente sur de nombreuses plateformes. Facebook, Twitter, Instagram, Linkedin… Sans compter les nombreux comptes liés aux adresses mails, nous avons du choix et une grande possibilité d’actions sur la nature de la publication d’informations et l’échange de nos données personnelles. Quand on parle de données on parle bien sûr des informations qui nous concernent à propos de notre profil, notre personnalité, notre quotidien, et nos aspirations.
En fonction de la « plateforme », c’est-à-dire du support (site, blog, réseau social etc.) sur lequel on crée un profil et/ou publions des éléments, on multiplie notre visibilité numérique et on se montre. Les lieux numériques où nous sommes le plus visibles et où l’on peut se créer un véritable environnement personnel sont les réseaux sociaux numériques. Alors, si on pense aux principaux concernés on peut en citer 3 :
Bien sûr, d’autres réseaux sociaux existent, mais ces trois là sont les plus populaires dû aux nombreux échanges entre les membres du réseau. C’est-à-dire qu’on entre en contact avec un autre membre par intérêt, soit parce qu’il s’agit d’un proche, soit parce les centres d’intérêts sont partagés, ou encore car il s’agit d’une personnalité connue que l’on souhaite suivre de plus près.
Ainsi, Facebook se présente plus comme un réseau communautaire, mais Twitter et Instagram davantage comme un mode de suivi, axé sur la visibilité et la virulence des posts très courts, rapides, et démultipliés. Twitter fonctionne par exemple comme un outil rumoral, dans le sens où on lance une annonce très brève, qu’elle se diffuse automatiquement et est donc visible très facilement. On peut cependant choisir que le Tweet soit public et donc visible par tous ou seulement visible par ses followers.
Qui se suit ne se fuit pas
Chez Twitter on parle de followers, mais au fond qu’est-ce que c’est ?
Un follower (un suiveur en anglais, terme provenant de « to follow » = suivre) est une personne comme vous et moi, qui possède un compte Twitter et suit un autre compte Twitter, c’est là la base du réseau, chacun se suit. Quand on dit qu’il le suit c’est dans le sens où il s’abonne à ce compte et qu’il peut ensuite voir sur son fil d’actualité toutes les actions que le « suivi » fait. On peut alors juste lire les tweet, les citer, les retweeter, ou encore les aimer.
Mais alors suivre, qu’est-ce que cela implique ?
Les followers m’appartiennent-ils ? S’ils aiment mon compte et mon activité, à partir du moment où ils me suivent, tous mes followers ont une présence au sein de mon univers Tweeter. Alors, si jamais je voulais donner mon twitter à quelqu’un d’autre, et même aller jusqu’à le léguer, si jamais il m’arrivait quelque chose ou que je venais à disparaître, est-ce possible de léguer ce compte ?
Un compte Twitter, même hébergé par la société, appartient à un individu propre dans le sens où c’est lui et lui seul qui en a les codes d’accès, publie, et suit d’autres membres ; c’est lui qui agit pour son compte et en est l’origine de sa présence. Lorsqu’on décide de suivre quelqu’un sur Twitter, et donc de » s’abonner » (les paramètres de base sont d’ailleurs : le nombre de Tweet, le nombre d’abonnements c’est-à-dire le nombre de comptes que l’on suit, d’abonnés, c’est-à-dire les personnes qui nous suivent, et des tweet aimés (un like à la manière de Facebook)) on le fait car on apprécie ses actions, on partage ses centres intérêts ; en somme on suit un individu et son comportement.
Chacun se met en lien par intérêt et créé ainsi son réseau d’intérêt qu’il développe et nourrit, agrandi et développe pour augmenter son nombre de followers, et donc sa popularité, et alors sa visibilité et son influence. Précisons alors qu’un compte twitter peut alimenter un flux considérable et générer beaucoup d’argent. En effet, si vous avez beaucoup de followers et donc de visibilité, de personnes qui voit chacune de vos activités au sein du réseau, la moindre information que vous transmettez peut valoir beaucoup, se répandre comme une traînée de poudre et avoir un impact considérable. Considérons que vous ayez des millions de followers, le moindre post sera lu non pas seulement par vos millions de followers mais aussi par leur entourage, qui en parle et le partage. Imaginez les répercussions.
Dans un sens négatif la moindre rumeur peut prendre des proportions énormes et donner une image qui suit la personne pendant très longtemps, et d’un autre côté, une simple phrase peut lancer des débats et transmettre une information efficacement.
Se faire voir et être vu.
On peut donc penser à tous ces comptes extrêmement populaires et qui ont beaucoup d’influence ; en plus de ramener du trafic, et donc de l’argent, sans penser à l’effet médiatique et l’apport publicitaire, il y a là un réel enjeu de transmission. Imaginez alors que l’on puisse léguer son compte Twitter, c’est-à-dire l’accès au compte, la possibilité de twitter comme bon nous semble, et de récupérer tous les followers du compte et donc autant d’yeux et de langues pour voir, partager, et diffuser la moindre information.
Et si je pouvais léguer mes followers ?
Imaginons que je sois un(e) très grand(e) ami(e) à Rihanna, la Star internationale de la pop. Rihanna souhaite me désigner comme légataire de son compte Twitter, cela voudrait dire que si elle venait à disparaître je serais héritier(e) de ses 54,4 millions d’abonnés.
Pensez à ce que cela peut représenter, une information via un tweet qui serait visible par au moins 54 millions de personnes.
Quelles conséquences si c’était possible ?
Cette question de récupération de comptes et de données en ligne est un sujet qui prend de plus en plus d’ampleur et n’a pas fini de passionner les foules ou d’engendrer de nouvelles activités numériques. On pourrait alors penser à prévoir de transmettre ses followers à son décès, à un proche ou même à une association ou une oeuvre de charité, tant la valeur du compte peut être importante.
C’est le concept qu’a développé une startup anglaise : Planned departure (= départ planifié), créé en 2012 par Anand Ramdeo et Komal Joshi. Les deux fondateurs expliquent ainsi leur démarche :
« Si vous avez 2 000 followers, vous pouvez décider de laisser vos identifiants de connexion à une œuvre de charité. Ils devront respecter les instructions que vous laisserez, et ne pourront pas faire ce qu’ils veulent, mais ils auront accès à votre compte et pourront tweeter en votre nom. »
Bien sûr ce service n’est pas gratuit, il faut alors débourser 2,7 € par mois (si on pense décéder dans peu de temps) ou effectuer un achat définitif de 275 €. Leur service va plus loin puisqu’il propose la transmission, à la manière d’un testament, de son ou ses clouds, de tous les comptes existants sur les réseaux sociaux, ou encore des mails ; tout en pensant également à un espace de stockage prévu pour les photos, vidéos ou factures.
Sauf que, Planned departure fonctionne peut-être au Royaume-Uni mais n’est pas du tout applicable en France, nous ne pouvons en aucun cas léguer un compte numérique, que ce soit Facebook, Twitter ou un blog, ou encore des e-mails. Sauf sous certaines conditions mais surtout pas via une application non « légalisée ».
Que puis-je faire aujourd’hui ?
Aujourd’hui en France nous pouvons faire un testament, un legs universel ou particulier, et même une donation de son vivant ; cela concerne les biens mobiliers, immobiliers, financiers, et même aujourd’hui des biens numériques. Mais attention, il ne s’agit pas de tous les biens numériques ; on peut léguer un compte sur certains réseaux sociaux (aujourd’hui Facebook est le seul à le proposer), et un nom de domaine est considéré comme un bien patrimonial et se transmet donc à l’héritier ou à un bénéficiaire particulier via un testament. Alors, si on veut léguer ses followers dans ce cas très précis, ce n’est techniquement pas possible. On peut bien sûr choisir de donner ses codes d’accès à un proche de son vivant, mais aucune disposition ne permet de le faire officiellement. Par exemple, si vous allez chez un notaire et que vous demandez de léguer vos followers c’est impossible. Tout simplement parce que rien aujourd’hui ne permet de disposer d’autres personnes : en effet ces followers sont tout de même des individus et les léguer d’une certaine manière ne serait pas possible.
Léguer des followers n’est pas possible, par contre d’autres dispositions permettent d’informer sur les biens que l’on souhaite transmettre et permettre une bonne succession. Ainsi, il est aujourd’hui possible de faire un testament pour transmettre ses biens à ses proches et choisir les bénéficiaires, mais aussi de faire une liste de ses biens à transmettre. Il s’agit dans ce sens d’un inventaire de ses biens, et non pas seulement patrimoniaux comme on pourrait le penser (une maison, une voiture, des biens mobiliers) mais aussi numériques. Désormais, Testamento vous propose de faire l’inventaire de vos biens numériques, vous lister tous vos comptes en ligne. Vous pouvez alors dans cette démarche, tout-à-fait ajouter le compte Twitter à la liste, mais il ne s’agit que d’un titre indicatif.
Attention, il n’est pas question de léguer le contenu des comptes mais d’informer sur l’existence de ces comptes. Pour le legs il faudra attendre un peu, Facebook permet de désigner un légataire de son compte mais il est aujourd’hui le seul réseau social à proposer cette option. Alors en attendant, la meilleure prévision est d’anticiper pour le devenir de ses biens, sans oublier d’y ajouter les comptes en ligne, hébergeurs de nos données numériques qui peuvent avoir une grande valeur.
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