Blandine Mulliez, présidente de la Fondation Entreprendre inaugure les e-Interviews Testamento sur la succession. Pour célébrer notre septième anniversaire (la plateforme Testamento a été lancée le 3 décembre 2013) nous lançons cette initiative afin de mieux comprendre le sens que les français donnent au mot succession.
Une série d’interviews sur la succession
Les e-interviews Testamento sur la succession consistent à interroger quelques Français – économiste, journaliste, chef d’entreprise, médecin, sociologue, artiste, sportif de haut niveau. Ce, afin de mieux comprendre ce que chacun d’entre eux glisse derrière ce mot à la fois mystérieux, rassurant et si mal connu : succession !
Blandine Mulliez, présidente de la Fondation Entreprendre
Blandine Mulliez est la présidente de la Fondation Entreprendre depuis 2009. Reconnue d’utilité publique en 2011 et abritante depuis 2015, cette fondation accompagne et fédère un écosystème d’acteurs d’intérêt général qui agissent sur le terrain pour rendre l’entrepreneuriat accessible à tous, accompagner les entrepreneurs tout au long de leur parcours et être porte-voix de la cause entrepreneuriale.
Après une dizaine d’années passées dans le monde médical, Blandine Mulliez avait rejoint en 2002 Réseau Entreprendre Nord, créé par son père en 1986, en tant qu’administratrice et responsable du programme Entreprendre Autrement. Aujourd’hui, son double engagement entrepreneurial et philanthropique s’appuie sur une conviction forte, celle de la nécessité d’accompagner la personne à entreprendre sa vie, en vue de la rendre actrice de son devenir et de l’encourager à développer son potentiel entrepreneurial.
Blandine Mulliez répond à nos questions sur la succession
Stéphane Girardot : Bonjour Blandine Mulliez, pouvez-vous vous présenter ?
Blandine Mulliez : Bonjour, je suis Blandine, je suis Présidente de la Fondation Entreprendre
SG : Quel héritage transmet-on ?
BM : Vous parlez d’héritage, c’est un mot que je n’aime pas trop. Parce que cela renvoie au mot « héritier ». Et l’héritier c’est quelqu’un qui est assez passif : il reçoit. Alors que l’on a tellement à transmettre en partage que j’aimerais plutôt parler de transmission et de succession que d’héritier et d’héritage. On transmet d’abord des valeurs, des valeurs humaines, des valeurs morales, des valeurs spirituelles et également quand c’est possible des valeurs financières les autres valeurs sont bien plus importantes à transmettre. Il faut avoir conscience que l’on transmet et à partir du moment où l’on a conscience que tous les jours on transmet c’est important de vivre sa vie en cohérence. Pour transmettre avec justesse ses actes, par l’exemple. Pas l’exemplarité car l’exemplarité étouffe, mais par l’exemple au quotidien.
SG : Doit-on anticiper sa propre succession ?
BM : Anticiper cela veut dire y penser, échanger, parler avec l’autre. Lui dire « n’aie pas peur, je prévoie ta paix future ». Anticiper c’est moi avec moi-même. C’est-à-dire je suis responsable de ma vie. C’est important d’être responsable de son parcours, de son avoir, de son savoir, de son pouvoir et de transmettre tout cela. Pas seulement à sa famille mais auprès de ses pairs, de son environnement. Au travers de l’entreprise, l’entrepreneur par exemple. Si on a envie que nos jeunes soient responsables de leurs vies, si on a envie que nos jeunes entreprennent il est évident que l’on a un devoir d’éclairer le chemin de notre jeunesse et donc de transmettre des connaissances de leur donner envie.
SG : Quel est votre regard sur la transmission, sur la succession ?
Au quotidien je trouve que c’est beau, généreux et engagé de transmettre on grandit tous à recevoir. C’est important de transmettre pour que d’autres puissent recevoir le chemin se fait parce que l’on reçoit, parce que l’ouverture se fait que l’on reçoit au travers de sa transmission. Quand on parle de succession, de transmission on a un prisme très fiscal. C’est important d’y réfléchir pour bien faire les choses, et ajouter à cela le sens. Pourquoi je transmets, qu’est-ce que je transmets et comment je transmets mettre du sens à la transmission, ce qui permet de respecter celui qui reçoit et de lui faire confiance. Et si on anticipe, cela veut dire que l’on fait confiance à celui à qui l’on donne du savoir, du pouvoir de l’avoir, par anticipation.
La transmission se prépare avant que cela soit un sujet. Si je suis malade et que je dois transmettre à mes enfants. C’est plus difficile de parler de ma succession et de ma mort que si je ne suis pas malade et en pleine santé, et qu’on en échange sereinement et on prépare l’avenir sereinement. Pour l’entreprise c’est pareil la réflexion de la transmission d’entreprise se fait bien quand ce n’est pas encore le sujet quand on peut mettre à plat, organiser une transmission avant que ce soit un moment où on est acculé à transmettre parce que là il y a des réticences, il y a des freins, il y a des peurs. Anticiper, c’est faire fondre les peurs.
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